Considéré parfois, à tort ou à raison, comme moribond, le parti que dirige Mintata Mint Hedeid entend, après une pause, pour ne pas dire une léthargie, qui aura duré, tout de même, cinq longues années, redynamiser ce qui reste de ses structures de base. Un processus qui débouchera, après la mise en place de commissions de désignation des délégués dans les différentes moughataas, sur la tenue d’un un congrès national afin de renouveler les instances dirigeantes. Une opération de charme auprès des militants restés encore attachés à ce parti qui tente de se relever après une très forte hémorragie. Car ceux qui sont incapables de supporter une longue traversée du désert ont fini, selon l’expression de l’un des responsables du parti, par «monnayer leurs services ailleurs». Cette tentative de reconquête des cœurs intervient dans un contexte politique marquée par la fin de l’implantation de l’UPR, le parti au pouvoir, une forte tension entre le pouvoir et l’opposition, et la tentative, avortée, de fusion entre ADIL, RPM, Alternative, les amis de Louleid et de Zeine Ould Zeidane. Ces derniers ont, le jeudi 20 mai, porté sur les fonts baptismaux un nouveau parti politique dénommé le WIAM, à la tête duquel ils ont placé un dinosaure de la scène politique, Boydiel Ould H’Moid.
Après trois réunions tenues au Ksar, à Arafat et à Toujounine, le staff du PRDR chargé de la sensibilisation reprend, quant à lui, un petit peu espoir. Un espoir qu’un militant d’Arafat s’engage à concrétiser lors des prochaines consultations électorales.
Le PRDR n’est plus ce qu’il était
Pour conduire sur les opérations sur le terrain, une grande commission de sensibilisation a été constituée. Elle comprend Sidi Ould Samba, ancien ministre de Sidioca (président), El Kory Ould Abdel Mawla, secrétaire exécutif, ministre sous la rectification, Bâ Houdou Abdoul, également ministre de la rectification et président du conseil national du parti, Dia Mohamed Lemine, professeur de philosophie, Ethmane Ould Dadi, consultant, Diop Hamady Kalidou conseiller à la direction du parti, Mohamed Kaber Ould Khatry, chargé de mission au parti, Bâ Hamady, et le responsable à la communication. Nous avons suivi les premiers pas de cette commission. Focus.
Au cours des différentes rencontres avec les militants, les responsables du parti ont évoqué, sans détour ni complaisance, les problèmes de leur parti. Dans leur discours, ils ont reconnu que le PRDR n’est plus ce qu’il était, que certains compagnons d’hier, incapables de souffrir de la longue traversée du désert, ont choisi de quitter le parti pour se réfugier sous un ciel plus clément. Un membre de la commission commente: «le PRDR est une grande école. Tous les partis qui s’agitent sur la scène et se bouffent entre eux ou en leur sein sont issus du PRDR». Et ses collègues de renchérir en rappelant que le parti a connu ses premiers déboires lors de la transition de 2005-2007. Le CMJD de l’époque avait débauché beaucoup de cadres du parti et «contraint» d’autres à se présenter en indépendants. Néanmoins, le parti n’a pas été laminé lors des élections législatives et municipales de 2006; mieux, il s’en est tiré avec un score plus qu’honorable: 7 députés, 3 sénateurs et plus de 400 conseillers municipaux, ce qui l’avait placé, en dépit des nombreux coups de boutoir de ses adversaires, en seconde position. «C’est vrai», reconnaissent les responsables, «le contexte a changé, nombre de ces gens ne sont plus au parti, aujourd’hui, et c’est peut-être tant mieux, parce que le parti ne compte, désormais, que des militants «sincères, mus par les intérêts nationaux», à défaut d’opportunistes transhumants de tout poil. «Nous allons reconstituer le parti avec ce qui existe», lâche un des responsables. Comme un phœnix renaissant de ses cendres, donc? De toutes les façons, le contexte est difficile mais du côté des responsables du parti, la détermination est assez forte pour prouver, à ceux le qualifient de mort, que le PRDR est bel et bien vivant et présent sur le terrain.
C’est, justement, cette réputation qui a occasionné la rupture entre la direction du parti et ce qui reste de sa base. Une situation déplorée par les militants, lors des différentes rencontres. «Nous sommes heureux de renouer avec la direction du parti qu’on nous disait mort. Mais nous n’avons pas bougé et votre venue, à Ain Talhaya, nous conforte davantage dans notre position», déclare un militant de ce quartier situé au nord de Teyaret.
L’UPR n’est pas le PRDR
Autre problème évoqué lors des réunions de sensibilisation: la place du parti au sein de l’hétéroclite majorité présidentielle. A ce sujet et face à un certain amalgame, développé lors de l’implantation de l’UPR, qui consistait à faire croire, aux militants du parti, que PRDR et UPR ne sont qu’un seul et même parti, les responsables ont tenu à marquer leur carré. «Non, le PRDR n’est pas l’UPR, comme l’UPR n’est pas le PRDR», claironnent les amis de Mintata. Et de préciser: «le PRDR et l’UPR sont deux partis alliés de la majorité présidentielle mais chacun a son programme, ses structures et soutient, à sa manière, le président de la République. […] Nous ne sommes pas dissous dans l’UPR.»
Mais certains cadres s’étonnent du fait que l’UPR allié puisse accueillir, en son sein, des personnes exclues du PRDR, pour n’avoir pas soutenu le candidat du parti, Mohamed Ould Abdel Aziz. Celles-ci avaient, en effet, jeté leur dévolu sur son adversaire, Ely Ould Mohamed Vall. Ce soutien avait occasionné, on s’en souvient, quelques dissensions au sein du parti, obligé de tenir un conseil national extraordinaire, afin de procéder au remplacement du président du conseil national et du S.G. adjoint. Rappelons aussi, au passage, que le PRDR et le RD de Moustapha Ould Abeiderrahamne, tous deux membres actifs de la majorité présidentielle ne sont pas représentés au gouvernement actuel, contrairement à l’UDP qui compte deux portefeuilles de choix: les affaires étrangères et le secrétariat général de la Présidence.
«Nous avons été le premier parti politique à soutenir le mouvement de la rectification», se plaisent à souligner les responsables du PRDR. «Et nous soutenons le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz», ont répété, à l’endroit de ceux qui seraient tentés de l’oublier, tous les membres de la commission.
Aujourd’hui, il est encore trop tôt pour se faire une idée, nette, des capacités de mobilisation du PRDR, au niveau de Nouakchott, et, plus encore, à l’intérieur du pays. «La tâche n’est pas aisée», reconnait-on au PRDR, mais, au vu de ce qui s’est passé, au Ksar, à Toujounine-abattoir, à Arafat, à El Mina, Sebkha et Dar Naim, le parti paraît garder une assez forte capacité de mobilisation. «L’espoir est permis de repartir sur les bases saines», avoue un membre de la commission. «Il faut mettre, rapidement, en place», suggère-t-il, « un comité de suivi, pour maintenir le contact de proximité avec les leaders d’opinions des quartiers visités».
DL
Source : www.lecalame.mr le 27/05/2010