Maarouf, Chabarnou et Sidi Ould Sidna : « On ne peut pas tuer nos enfants ».

Mardi 25 mai, Maarouf Oumld Haiba (28 ans), Sidi Ould Sidna (22 ans) et Mohamed Ould Chabarnoux (29 ans), accusés du quadruple meurtre de touristes français en décembre 2007 aux environs d’Aleg, ont été condamnés à la peine capitale.

 La cour criminelle a donc suivi le réquisitoire du parquet.
« On ne peut pas tuer nos enfants » s’était exclamée une partie de l’audience quand, au procès des putschistes de Ouad Naga en 2004, le procureur avait requis la peine de mort contre certains accusés.

On se rappelle qu’après ce réquisitoire, par voie de presse, plusieurs personnalités se sont prononcées contre la sanction suprême. Finalement, les magistrats assis ont préféré la perpétuité à l’exécution.

« La peine de mort est une punition inhumaine et inutile qui ne sied pas au monde civilisé que l’homme est entrain de bâtir et aux valeurs nouvelles qu’il s’efforce de promouvoir » avait écrit le GERDDES (groupe d’études et de recherches pour la démocratie et le développement économique et social en Mauritanie) en réaction à la pendaison de Saddam Hussein.

Le GERDDES avait appelé les citoyens mauritaniens, les acteurs de la société civile, politique et les autorités mauritaniennes à œuvrer pour l’abolition de la peine de mort. Il n’a pas été entendu. La cour criminelle de Nouakchott, au nom de la société mauritanienne, a décidé de mettre fin à la vie de trois jeunes mauritaniens.

Après la parenthèse de l’application de la Charia en matière pénale en 1983, les dernières exécutions capitales en Mauritanie remontent à 1987. Trois officiers negroafricains, accusés de tentatives de coup d’Etat, avaient été condamnés à mort et passés aux armes. Depuis, comme dans beaucoup de pays musulmans, il y a eu une abrogation de fait de la peine capitale. Elle est prévue par le code pénal. Il arrive même qu’elle soit requise. Mais elle est rarement prononcée ou appliquée.

Un projet de loi abolissant la peine de mort dans une République islamique, c’est difficilement envisageable. Mais, « c’est parce que cette chose la (la peine capitale) existe dans la législation qu’on la demande » disait un avocat mauritanien. Le 25 mai, la demande du parquet a été entendue par les magistrats assis.

Tous les regards sont maintenant tournés vers le président de la République. Les vies de Chabarnoux, Sidi Ould Sidna et Maarouf sont entre ses mains. Espérons que les trois jeunes aient plus de chance que les trois militaires negroafricains condamnés à mort et exécutés en 1987.

Khalilou Diagana

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott via www.cridem.org le 26/05/2010

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