«sans renier notre passé ni occulter notre histoire, assumant les acquis réels enregistrés par notre pays, mais aussi, tirant les leçons des errements et des manquements graves qui ont émaillé son parcours, cette formation politique nouvelle s’affirme en tant que force porteuse d’une dynamique de rénovation et de progrès».
El Wiam notera également, dans sa Déclaration Politique que «notre pays devra privilégier l’entente, la concertation et la coopération avec l’ensemble de nos voisins tout en impulsant des relations d’amitié et de confiance avec tous les peuples».
Voici le texte intégral de cette Déclaration Politique:
Déclaration Politique du Parti El Wiam.
Le monde a connu au cours des dernières décennies de profondes mutations politiques, sociales et économiques dont les plus importantes sont: le triomphe de l’idéal démocratique, la prédominance de l’économie libérale et l’impact de la révolution introduite par les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Dans ce contexte notre pays a connu sa part d’évolution dans les différents domaines précités. Il n’a, cependant, pas été à l’abri des effets pervers de ces mutations. L’arrivisme et l’allégeance fondés sur l’intérêt et la crainte du pouvoir politique du moment, la prédominance de l’intérêt singulier sur l’intérêt général, le desserrement de la solidarité nationale, sont quelques unes des pathologies affectant notre tissu social et affaiblissant nos institutions républicaines.
Notre pays, engagé depuis le 10 juillet 1978 dans une spirale de coups d’état et de révolutions de palais, a connu un processus de démocratisation entamé en 1986, par des élections municipales pluralistes et couronné par la constitution de 1991 et les institutions qui en ont découlé.
La transition de 2005 -2007, dans le cadre d’un agenda consensuel soutenu par des engagements forts souscrits par le Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie (CMJD) et son gouvernement devant le peuple mauritanien et la communauté internationale, a posé la perspective d’un projet démocratique.
Ainsi, le processus transitoire a débouché sur la mise en place d’institutions issues d’élections jugées régulières et transparentes consacrant une expérience exemplaire d’alternance pacifique au pouvoir, saluée comme telle par l’ensemble de la communauté internationale.
En dépit des insuffisances et des faiblesses constatées, la courte période du régime issu de cette expérience a été marquée par la promotion des libertés publiques, le respect des droits humains et des institutions de la République ainsi que par la mise en chantier de nouvelles réformes. La confiance des bailleurs de fonds a été restaurée. Le pays, dont la dette avait déjà été remise avant le coup d’Etat de 2005, bénéficia de la part de la Communauté internationale d’un appui encore plus marqué en considération des perspectives ouvertes par ce projet démocratique porteur d’espoir.
Le coup d’état du 6 Août 2008, reniant l’engagement pris par les forces armées de ne plus s’ingérer dans la vie politique du pays et de se consacrer à leur mission telle que dévolue par la Constitution et la loi, mit un coup d’arrêt brutal à ces perspectives prometteuses.
Notre pays est de nouveau mis au ban de la communauté internationale ; les institutions de la République sont violées, les libertés publiques bafouées, la machine répressive reprenant du service à plein régime nous plongeant ainsi dans une crise majeure.
La résistance pacifique contre ce coup de force, a administré la preuve éloquente de la détermination de notre peuple à défendre ses acquis démocratiques et illustré sa volonté inébranlable de consentir les sacrifices nécessaires pour en finir avec la culture des coups d’Etat, l’armée s’abstenant de toute intrusion dans la vie politique du pays.
Par l’Accord de Dakar, la classe politique mauritanienne a tenu, sans rien céder par rapport aux principes démocratiques, à préserver le pays contre les dangers d’une crise prolongée porteuse des plus graves menaces pour la pérennité, la stabilité et le développement d’un Etat fragile comme le nôtre.
Le dévoiement de la lettre et de l’esprit de cet accord par le pouvoir militaire, l’exploitation qu’il fit de certaines de ses dispositions, en particulier celles relatives aux élections, tout en reniant certaines autres, pourtant aussi essentielles, comme celle relative au dialogue inclusif, tout cela a créé les conditions d’une nouvelle crise politique dont il est difficile désormais de mesurer les conséquences.
Partant des besoins stratégiques fondamentaux de notre pays en matière de démocratie, de justice et de développement et tenant compte de ce contexte marqué par de nombreux défis, un ensemble d’acteurs politiques, précédemment organisés ou non, décident d’unir leurs efforts dans un parti politique nouveau, ouvert et inspiré par les enseignements de note sainte religion, fondé sur nos valeurs et attaché aux idéaux de justice, de fraternité, d’égalité et de liberté..
Cette nouvelle formation politique, résolument tournée vers l’avenir, se réfère aux principes et aux objectifs qui constituent les fondements de son engagement vis-à-vis de la Nation. Sans renier notre passé ni occulter notre histoire, assumant les acquis réels enregistrés par notre pays, mais aussi, tirant les leçons des errements et des manquements graves qui ont émaillé son parcours, cette formation politique nouvelle s’affirme en tant que force porteuse d’une dynamique de rénovation et de progrès.
Ce parti, qui assume aujourd’hui son appartenance à l’opposition démocratique, déclare son ambition d’accéder au pouvoir par la voie des urnes à l’issue d’élections démocratiques libres et transparentes.
Se démarquant des problématiques passées, en particulier celles liées à l’idéologie primaire de la dérive identitaire et du repli économique, il œuvrera à la nécessaire édification d’une seule et même nation mauritanienne, riche à la fois par l’unicité et la diversité de sa culture et fondée sur la citoyenneté, pleine et entière comme seul repère républicain d’identification.
Nos objectifs pour l’avenir:
Une Mauritanie forte et égalitaire, une société plus libre et plus juste, un système politique fondé sur une démocratie pluraliste et apaisée, la garantie d’une vie décente, telles sont les aspirations aujourd’hui des mauritaniens et les exigences qui devront être satisfaites pour assurer l’avenir du pays. Afin de répondre à ces aspirations et à ces exigences, le Parti se fixe les principaux objectifs qui suivent:
Notre premier objectif: est l’instauration d’un système politique moderne permettant l’alternance pacifique au pouvoir et s’appuyant sur un code électoral assurant à toutes les consultations la crédibilité intérieure et extérieure indispensables.
Construit sur des bases saines et solides qui lui assurent sa pérennité, ce système devra permettre enfin une alternance historique longtemps différée entre un pouvoir d’exception exercé sans interruption depuis trente ans (nonobstant la tentative malheureusement avortée de 2007) et un pouvoir démocratique, débarrassé des reflexes de survie et de la psychose sécuritaire et œuvrant dans la sérénité nécessaire à la recherche des réponses appropriées aux diverses attentes des mauritaniens.
Notre deuxième objectif: est la restauration de nos valeurs. Fort de sa foi islamique, fondement de notre civilisation commune et ciment de notre unité, attaché tout à la fois à l’unicité et à la diversité de notre culture arabe, pullar, soninké et wolof et à sa richesse, notre pays s’est distingué par son apport singulier au monde musulman et par sa contribution historique remarquable à l’expansion de l’Islam.
Il a résulté d’une telle symbiose vécue à l’ombre de cette diversité et de ce dynamisme culturels un puissant socle de valeurs caractéristiques de notre société. Il convient aujourd’hui de renouer avec ces valeurs de tolérance, de respect, de solidarité sociale, de sens de la responsabilité, de probité, de rectitude morale et d’en promouvoir la diffusion et le respect.
Notre troisième objectif: est de rénover l’Etat pour en faire un véritable Etat de Droit, garant de l’intérêt général et régulateur de notre vie collective. Parce qu’il est le principal instrument d’action, il convient de restaurer ses capacités d’intervention et de revitaliser ses structures pour lui permettre de remplir sa mission dans la justice et l’objectivité.
La bonne gouvernance, loin de l’incantation dont elle est actuellement l’objet, doit être le mode privilégié et la finalité de l’action administrative. Le service public, qui doit être présent sur l’ensemble du territoire national, doit devenir, dans la qualité de ses prestations comme dans leur universalité, le vecteur principal du bien-être et de l’épanouissement des populations. C’est ainsi seulement que l’Etat suscitera le respect et bénéficiera de la confiance des citoyens.
Notre quatrième objectif: s’oriente vers la jeunesse qui constitue le principal garant de l’avenir de notre pays. Nous devons lui offrir un cadre d’éducation et de formation adapté aux exigences du monde moderne en la préparant à jouer pleinement son rôle. Un système éducatif performant constitue la condition première de l’édification d’une nation moderne apte à faire face aux nombreux défis qu’affronte notre pays.
Ce processus d’éducation et d’implication à tous les niveaux de la vie de la nation, est inséparable d’une dynamique de création d’opportunités d’emplois pour permettre à la jeunesse de s’intégrer dans la vie active et à notre économie de bénéficier du potentiel de dynamisme et de vitalité qu’elle recèle. Il convient également que la jeunesse bénéficie d’aires d’épanouissement culturel et sportif, à travers lesquelles elle pourra utilement se ressourcer, se cultiver et se divertir.
Notre cinquième objectif: vise la promotion d’une société de liberté, de participation et de responsabilité. La modernisation de notre société implique que soient combattus les archaïsmes et stratifications inégalitaires qui continuent de marginaliser un grand nombre de nos concitoyens .
C’est ainsi qu’il convient d’œuvrer résolument à mettre fin à toutes ces discriminations héritées du passé, en particulier celles liées à l’esclavage. Il convient également de créer toutes les conditions nécessaires à la contribution de la femme au développement du pays. Il s’agira fondamentalement de promouvoir la stabilité de la famille et l’émancipation de la femme afin que celle-ci intègre les cercles dirigeants à tous les niveaux de la vie nationale.
Le développement d’une société civile consciente et dynamique peut utilement contribuer à l’émergence de cette société de progrès.
Notre sixième objectif: est d’assurer le progrès social, en garantissant à tous les mauritaniens un niveau de vie décent. Nous devons renouer avec le sens de la solidarité sociale et assurer aux plus démunis et aux plus vulnérables parmi nous l’accès gratuit aux principaux services sociaux de base : la santé et l’éducation. Cet effort doit se doubler d’une meilleure accessibilité aux autres services tels que l’eau, l’électricité, le transport, le logement.
En outre, il est nécessaire de soutenir ceux qui sont frappés par l’exclusion et la pauvreté en mettant à leur portée des activités génératrices de revenus, contribuant ainsi à l’amélioration de leur pouvoir d’achat.
Notre septième objectif: est de reconstruire une économie compétitive et régulée, favorisant la liberté d’entreprendre. L’enjeu qu’elle constitue, dans un monde globalisé, devient chaque jour plus évident. Notre préoccupation est de redéfinir, sur des bases appropriées, le rôle de l’Etat en tant que régulateur, d’opérer des choix pertinents pour assurer la réorganisation de notre économie, stimuler la création des richesses et initier une juste répartition des fruits de la croissance.
Pour cela il sera nécessaire de rompre avec les politiques qui n’ont pas permis d’amorcer le développement dans notre pays. Une politique volontariste de développement de structures destinées à favoriser la production, l’investissement et l’exportation, doit désormais constituer l’axe principal de notre orientation économique, mettant un accent particulier (pour des raisons évidentes d’emplois, de revenus et de sécurité alimentaire) sur les secteurs de l’agriculture et des pêches et permettant une plus grande intégration de l’élevage dans les circuits marchands.
Un programme d’orientation et de modernisation de l’économie excluant l’improvisation et s’assignant des objectifs clairs, doit permettre de fixer ces choix sur le terme et d’esquisser les contours des autres ajustements nécessaires.
Notre huitième objectif: est de bâtir une politique étrangère avisée et efficace, fondée sur un socle de principes stables. L’ouverture, le bon voisinage, l’intégration économique régionale et la coopération internationale ainsi que la présence active dans les espaces de solidarités géopolitiques (Islam, Arabité, Africanité et euro méditerranée) sont des repères qui, mesurés à l’aune de nos intérêts et de notre indépendance, doivent nous guider sur ce chemin.
Dans un monde de plus en plus complexe, structuré autour de rivalités multiples et de conflits graves aux conséquences imprévisibles, notre pays, situé dans une région qui connait un développement important de l’insécurité et des activités illicites, devra privilégier l’entente, la concertation et la coopération avec l’ensemble de nos voisins tout en impulsant des relations d’amitié et de confiance avec tous les peuples.
Source : www.ani.mr le 22/05/2010