Conférence débat « REMEDE ».

Chers confrères,

Nous avons l’honneur de vous informer que le REMEDE organise:
Mercredi 12 mai
à l’hôtel Tfeila de Nouakchott,
Un débat sur le thème: l’Unité nationale à l’épreuve de la problématique des langues.

 

 

 

 

Les principaux partis politiques, les personnalités de la société civile et des Universitaires prendront part à ce débat. Aussi nous vous prions de bien vouloir prendre part à ce débat.

Communication REMEDE.

Aider à la mise en place d’un programme durable de paix et de développement, à son élaboration et à son exécution pour placer le pays dans une perspective tournée vers le travail, le respect, la discipline et la justice, tels sont les objectifs du Réseau Mauritanien pour l’Eveil et la Démocratie (REMEDE) à moyen et long terme. Le REMEDE, par une politique de partenariat et une approche participative, aborde les divers aspects de la vie politique et sociale du pays, c’est à cet e˜et qu’une plate forme constituant plusieurs thèmes a été élaborée par ses membres (voir le site www.remede.org).

Les membres du REMEDE sont exclusivement des cadres venant de divers horizons socioprofes-sionnels, on y trouve des hauts fonctionnaires de l’administration mauritanienne, des responsables dans les institutions publiques (SOMELEC, SNDE, MAURITEL, BCM, …) des chefs d’entreprises, des banquiers, des informaticiens, des représentants de sociétés étrangères opérant en Mauritanie, des professionnels de la santé humaine et animale, des spécialistes du commerce, du tourisme, de l’éducation des mathématiciens et des statisticiens.

L’Unité nationale à l’épreuve de la problématique des langues:

1. La Cohabitation.

La pénétration coloniale a occasionné une cassure entre les communautés de la Mauritanie par l’instauration de deux types d’administration ; une administration pour les populations noires (peul ou pulaar, soninké, wolof et bambara) et une administration pour les populations maures ou arabes.

La création du territoire civil de Mauritanie au début du siècle dernier n’a pas contribué à rapprocher les communautés. L’accession à l’indépendance s’est faite autour d’une « image simplifée » de la réalité mauritanienne. Ce passage de l’ouvrage de Mokhtar Ould Daddah : « une belle image, utilisée un jour devant moi par un vieux sage de chez nous, résume la Mauritanie bi – ethnique : La Mauritanie, avec ses Noirs et avec ses Blancs, est comme l’oeil. Celui – ci ne va pas bien et ne peut donc jouer pleinement son rôle que quand ses deux parties, la Noire et la Blanche, qui ne peuvent être sépa-rées, sont en bonne santé … », montre que la Mauritanie est vue comme un espace que ce parta-gent deux entités homogènes appelées alors ethnies.

L’immensité de la tâche qui attendait les premiers dirigeants de la Mauritanie indépendante a certainement participé à cette simplifcation. La Mauritanie ne doit plus être regardée comme un pays bi – ethnique et non plus comme bi – raciale car les deux notions sont loin de la réalité ; le terme de noirs n’est pas approprié pour nommer les populations non arabes, les noirs arabes existent également.

L’unité entre deux ensembles, un arabe et l’autre non arabe, est très réductrice car d’une part la partie non arabe est loin d’être une entité unie, elle se compose de communautés di˜érentes de par l’histoire, la langue et la culture …, d’autre part la partie arabe bien qu’ayant l’avantage de l’unité linguistique et culturelle ne constitue pas un ensemble homogène.

La politique des quotas appliquée depuis l’indépendance s’est dressée comme un obstacle majeur à la concrétisation de l’unité nationale. Le pouvoir devient un objet de valeur que chaque communauté, tribu etc. veut s’approprier. Les alliances pour être en conjonction avec cet objet de valeur se font donc au détriment de l’unité des mauritaniens, elles revêtent des aspects communautaires voire tribaux ou régionaux.

Les troubles de 1966 le prélude de l’existence d’un désaccord sur la répartition des responsabilités au niveau du pouvoir. L’unité nationale en sort encore une faiblie ; les décisions qui ont suivi n’ont pas été orientées dans le sens de jeter de nouvelles bases de cette unité. Les différentes réformes du système éducatif mauritanien et principalement la réforment de 1973 n’a pas été menée dans le sens du renforcement de cette unité déjà mise à rude épreuve.

L’instauration deux écoles, une école pour les arabes et une école pour les autres communautés, n’a fait qu’exacerber la division des mauritaniens.

2. Les lois linguistiques et le statut des langues :

La Mauritanie, comme d’autres pays africains, s’est mise à développer sa propre politique linguistique au lendemain de l’indépendance. C’est ainsi que, de 1959 à nos jours, la Mauritanie aura connu trois Constitutions :

• Dans la Constitution de 1959, la langue nationale est l ’arabe et la langue officielle est le français.

• Dans la Constitution de 1961, l ’arabe est la langue nationale, le français et l ’arabe sont les langues officielles.

• Dans la Constitution de 1991,les langues nationales sont l ’arabe, le poular, le soninké, le wolof.

La langue officielle est l ’arabe.

Les autres textes officiels, lois et décrets, sont :

• Le 04 mars 1968, promulgation de l ’article de la constitution de 1961 par la loi n °068065 conférant à l ’arabe le double statut de langue nationale et de langue officielle.

•En 1979, le PV n °40 du 8 au 18 octobre 1979 consigne que les trois langues nationales sont transcrites en caractères latins et, la même année, un institut des langues nationales est créé par décret n °79.348/PG/MEFS pour les expérimenter et préparer leur introduction dans le système éducatif dans un délai de 6 ans.

C’est un acte de politique linguistique de la loi sur la langue, loi qui fera l’objet d’aménagements puisque la transcription a été effectuée et les classes d’expérimentations ont été ouvertes. Aucun principe de territorialité n’a été clairement dé°ni, cependant les classes expérimentales ont été ouvertes en priorité dans la région du fleuve.

A partir de 1976, l’état reconnaît, par décrets, trois associations culturelles nationales pour la promotion et le développement des langues nationales : 1976 pour l’Association Mauritanienne pour la Renaissance du Poular (ARPRIM),1978 pour l ’Association Mauritanienne pour la Promotion de la Culture et de la Langue Soninkée (AMPCLS)et 1980 pour l ’Association pour la Promotion de la Langue Wolof en Mauritanie (APROLAWORIM).

•En résumé donc de ces politiques linguistiques et de leur planification depuis l’indépendance, l ’arabe,le français,le poular,le soninké et le wolof ont un statut officiel en Mauritanie. L ’arabe, qui est le conducteur de toutes les politiques linguistiques, est passé du statut de langue nationale au double statut de langue nationale et de langue officielle, ‘est-à-dire la langue du fonctionnement de l’état, la langue de scolarisation et des média.

La hassaniya n’est jamais évoquée dans aucun texte de la constitution, en ce sens qu’elle est considérée comme totalement assimilée à la langue arabe,langue nationale et officielle: tantôt quali fié de dialecte ou encore de dialecte maternel, l ’arabe hassaniya n ’aura jamais béné ficié d ’une reconnaissance officielle. Le poular, le soninké et le wolof ont accédé au statut de langues nationales par décision du Comité Militaire de Salut National en 1979 et dans l ’article VI de la Constitution de 1991.

Le bambara qui, comme nous l ’avons vu en présentation, est parlé par une minorité, n ’a aucun statut officiel (il n ’y aurait pas de revendications ethniques de ses locuteurs).

• Quant au français, depuis la mise en place de la réforme de 1999, il a recouvré le statut qu ’il avait perdu lors de la troisième réforme de 1979.

De l’indépendance à nos jours, le pays aura ainsi connu cinq réformes du système éducatif qui sont, tout à la fois des actes de politique linguistique mais aussi, des actes de prises de mesures pour la planification linguistique de ses politiques.

La première, celle de 1959, est considérée comme une réforme dite de “réajustement et de mise en conformité” avec l’article de la constitution en accordant plus de place à l’arabe. Apportant, par là, une réponse aux tendances nationalis-tes et une rupture avec une politique culturelle assimilatrice. La réforme de 1967 engageait le pays sur la voie du bilinguisme des deux langues o°cielles, au contraire de celle de 1973 qui considérait que le bilinguisme n’était qu’une étape du processus d’arabisation en marche.

La réforme de 1979, quant à elle, se voulait une tentative d’apaisement des tensions inter- ethniques par l’introduction dans le système éducatif du poular, du soninké et du wolof à qui l’on venait de reconnaître le statut de langues nationales. La dernière, en 1999, par sa réintroduction du français langue d’enseignement, marque le retour au bilinguisme et l’échec relatif de 40 ans de réformes du système éducatif.

4. Politique.

Les mouvements politiques dans leur grande part ont cultivé une attitude «sectariste » de la Mauritanie. Il n’y a pas un idéal mauritanien qui fédère toutes les composante et qui prône une iden-tité mauritanienne respectueuse de sa diversité. Les nationalismes s’excluent et oeuvrent à rattacher la Mauritanie à l’Afrique noire ou au Maghreb donc au Monde arabe. La culture de la négation devient une devise.

Les événements qui ont débuté en 1986 et ont culminé dans la période 1989 – 1991 ont fini par mettre à nu l’ampleur de la fracture. L’Etat encourage la confrontation communautaire, le discours exclusiviste s’érige contre l’unité nationale. La révolution de palais du 03 août 2005 a apporté un espoir dans la réinstauration de l’unité nationale. Les journées de concertations et les élections transparentes ont restauré un sentiment d’appartenance de toutes les communautés au pays. Cependant la question de l’unité nationale n’en est pas sortie renforcée car on a toujours évité de poser la question de savoir ce qu’elle est concrètement.

La Mauritanie dispose énormément d’atouts qui concourent à l’instauration d’une unité nationale à condition de s’y atteler et de forger d’abord une identité mauritanienne plurielle et ˜ère de sa diversité qui en fait un trait d’union entre l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb. La Mauritanie ne peut promouvoir si unité tant qu’elle cherche à nier sa véritable histoire, elle est la conjonction de toutes les communautés qui la composent depuis des siècles.

La politique du dosage ou des quotas instituée en tradition depuis l’indépendance ne favorise pas l’émergence d’un esprit unitaire. Assez souvent les membres du gouvernement, les décideurs se voient plutôt comme représentants de ceux qui les ont investis au détriment de l’Etat et du citoyen mauritanien.

Chaque mauritanien doit pouvoir exercer pour le salut de tous les mauritaniens sans exclusive aucune et chaque mauritanien doit se retrouver dans l’administration mauritanienne peu importe qui la dirige car avant d’être arabe, bambara, peul, soninké ou wolof on doit avant tout se sentir mauritanien.

C’est aussi l’enseignement de notre Sainte religion l’Islam.

 

 

Source  :  REMEDE via Khalilou DIAGANA pour www.cridem.org le 11/05/2010

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