Lutte contre le terrorisme, table ronde de Bruxelles sur la Mauritanie, çà bouge en ce moment à Nouakchott : Le diplomate espagnol s’entretient avec l’Opposition

L’ambassadeur d’Espagne à Nouakchott dont le pays assure la présidence de l’Union Européenne a rencontré, tour à tour, les premiers responsables du RFD et de l’UFP, dans ce qui semble être une tournée auprès de l’Opposition pour la convaincre de la «légitimité » de la lutte contre le terrorisme

 

 

 

dans laquelle les autorités mauritaniennes sont engagées dans le cadre des manœuvres « Flintlock 10 », inaugurées lundi, et qui regroupent plusieurs pays d’Afrique et d’Europe sous commandement américain.

Mais serait-ce le seul dossier à l’ordre du jour de ces consultations politiques ? Tout porte à croire aussi que les partenaires au développement de la Mauritanie veulent faire un tour d’horizon de la situation politique qui prévaut en ce moment dans le pays, à l’effet d’écouter les acteurs politiques avant la tenue de la table ronde de Bruxelles consacrée à la Mauritanie. Toujours est-il que Alonso Dezcallar Y Mazarredo, ambassadeur du royaume d’Espagne s’est entretenu lundi avec le président du Rassemblement des Forces Démocratiques, Ahmed Ould Daddah. Mardi, il aurait également échangé avec le président de l’Union des Forces de Progrès, Mohamed Ould Maouloud. Si aucune information n’a encore filtré sur l’objet de ces entrevues qui devraient être élargies à d’autres formations de la Coordination de l’Opposition Démocratique, ainsi que ceux de la majorité, les observateurs estiment que la lutte contre le terrorisme et les moyens mis en œuvre par les États de la sous région devrait être au centre de ces entretiens, non encore divulgués.

Manœuvre pour impliquer toute la classe politique

L’Espagne qui assure actuellement la présidence de l’Union Européenne, membre tente une autre manœuvre pour faire rallier la classe politique de l’Opposition, après avoir reçu le soutien de la majorité symbolisé par l’engagement des autorités, à cette cause.
Des manœuvres militaires auxquelles participent aux côtés de huit autres pays d’Afrique (Algérie, Burkina, Mali, Maroc, Mauritanie, Nigeria, Sénégal, Tchad et Tunisie) et cinq pays européens (Belgique, Espagne, France, Pays-Bas, Royaume-Uni). La supervision de ces manœuvres militaires s’effectue sous la supervision américaine. L’objectif annoncé viserait à «renforcer la lutte contre le « terrorisme » et la criminalité dans la région sahélo-saharienne». 1.200 dont 600 des forces spéciales américaines, plus de 400 Africains et 150 Européens soldats sont mobilisés pour ces manœuvres de coordination et de préparation à la lutte contre le terrorisme et les trafics de drogue notamment. Dans une déclaration faite à nos confrères de l’Afp, le commandant adjoint des activités civilo-militaires d’Africom, Anthony Holmes estime que : « cet exercice « facilitera la coopération régionale en matière de sécurité et de lutte contre les organisations terroristes ».
Mais si cet objectif parait clair pour le commandement des opérations, le sentiment de soutien à cette «cause » n’est pas le même. Car, pour les pays africains et arabes notamment, les oppositions voient souvent d’un mauvais œil de telles opérations. Les rumeurs de la mise en place du commandement d’Africom avait été largement combattu dans toute la sous-région maghrebo-ouest-africaine. Le sentiment est encore plus pernicieux quand les partis politiques dans les pays en présentent une lecture différente des autorités au pouvoir. Aucune discordance politisée n’est donc souhaitée par les promoteurs occidentaux et notamment par les pays européens pour l’opération « Flintlock 10 ». L’Espagne est d’ailleurs doublement concernée car deux de ses ressortissants sont toujours entre les mains de la nébuleuse Al Qaeda, l’organisation terroriste en ligne de mire de ces manœuvres de coopération militaire qui se poursuivront jusqu’au 22 mai prochain successivement au Sénégal, au Mali, en Mauritanie, au Tchad, au Nigeria et au Maroc. Il faut noter l’absence de l’Algérie à cette exhibition des forces militaires.
Même si l’Opposition en profitera pour demander encore plus de pression sur le Pouvoir pour un dialogue politique, l’objectif de l’Union Européenne, à travers les rencontres initiées par l’ambassadeur d’Espagne, semble aussi «d’épargner au Pouvoir » d’être égratigné par son Opposition sur le registre de la lutte contre le terrorisme. Pour l’heure en tout cas, aucune réaction (négative ou positive) n’a encore accueilli le démarrage des manœuvres militaires auxquelles nos forces armées nationales prennent part. Preuve peut être que l’Opposition partage, une fois n’est pas coutume, avec la majorité l’importance d’une stratégie internationale de lutte contre le terrorisme dans notre sous-région.

La réunion de Bruxelles n’est pas en reste
En prélude à cette importante rencontre, une série de consultations semble avoir été engagées. Il n’y a pas de doute, les partenaires au développement de la Mauritanie sont inquiets des conséquences qui pourraient naître de l’impasse politique actuelle entre le pouvoir et l’opposition qui se tournent le dos royalement. Côté Majorité présidentielle, il n’est pas question de dialogue tant que l’opposition se mure derrière le refus de reconnaître la légitimité du régime en place issu des élections du 18 juillet 2009. Une bonne parade à l’opposition qui exige pour sa part, le respect des termes des accords de Dakar pour un dialogue inclusif. En fait ici, chacun trouve le bon moyen pour tourner le dos au dialogue. Face à une telle situation il y a de quoi s’inquiéter, pour les partenaires au développement de la Mauritanie. D’autant que la Mauritanie, attendue à la rencontre de Bruxelles aura à faire le point de « l’état de la mise en œuvre des engagements » contenus dans un document soumis à l’Union Européenne (UE), depuis plusieurs mois » conformément à une recommandation du partenaire européen. Ces engagements pris par le gouvernement de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf en matière de bonne gouvernance seront intégrés à l’exercice de révision du 10é FED, avec l’accord de Bruxelles, selon un document de l’Union Européenne adressé au premier Ministre. La proposition devient un « document consolidé de référence des engagements de bonne gouvernance qui devront être suivis et mis en œuvre » selon le calendrier pré établi par le gouvernement » précise une correspondance de Bruxelles envoyé au premier Ministre.
L’Union Européenne invite le gouvernement « à saisir l’occasion de la prochaine table ronde des partenaires au développement de la Mauritanie, qui aura lieu à Bruxelles au mois de juin, pour faire une présentation sur l’état de la mise en œuvre des engagements de bonne gouvernance, étant donné l’importance majeure que comporte ce document pour la Mauritanie ».
La précédente table ronde des partenaires sur la Mauritanie s’était déroulée à Paris au mois de décembre 2007, avec pour résultats d’importants engagements dont le total dépassait les 2 milliards de Dollars US. Le coup d’état du 6 août 2008 est venu freiner la résolution des partenaires. Bruxelles 2010 offrira l’occasion d’un nouveau décollage pour le développement économique du pays sur plusieurs années.
Voilà tout un ensemble de sujets de préoccupations qui incitent à une consultation large pour faire le point.

JD

 

Source  :  www.quotidien-nouakchott.com  le 06/05/2010

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