Cela fait aujourd’hui trois jours de suite que les armes à gaz tonnent dans le ciel de l’Université Cheikh Anta Diop. Et ce, même la nuit. C’est la peur totale qui règne au sein du campus social. L’air devient lourd et irrespirable à l’intérieur des pavillons O, P (chez les filles) ainsi que l’immense bâtiment A et N. Les vestibules les plus proches du théâtre des affrontements sont invivables. Plusieurs de ces locataires ont fui pour trouver refuge dans des pavillons plus lointains.
Pour cause, le retard des nouvelles attributions des bourses et aides aux nouveaux bacheliers. Ces derniers ont perdu patience, ils n’en peuvent plus d’attendre, l’année scolaire tire vers sa fin et ils n’ont pas reçu leur butin. Pour manifester leur ras- le- bol, eux qui étaient jusqu’ici polis, ils ont décidé de suivre le pas de leurs aînés et sont passés à l’offensive. Ils sont bleus, mais ont, tout de même, vite assimilé l’art du kidnapping. Ils ont réussi à mettre la main sur trois bus de transport urbain Dakar Dem Dikk, encore les pauvres DDD, en l’espace de deux jours : un le lundi et deux le mardi.
Les véhicules sont immobilisés tout à fait à l’intérieur de la cité universitaire, les pneus dégonflés pour empêcher toute tentative des forces de l’ordre de les récupérer. Certains menacent de les incendier si rien n’est fait dans les prochaines heures. Les GMI, restent pour le moment sur leur position habituelle, devant l’entrée principale et sèment la frayeur dans l’espace estudiantin en l’arrosant de lacrymogènes.
Ces étudiants n’entendent pas en rester là, la nuit (la nuit du mardi au mercredi), ils ont tenu à 23 heures, une assemblée générale. Une véritable marée humaine se trouvait devant l’édifice du C.O.U.D (Centre des Œuvres Universitaires de Dakar), faisant ainsi appel à l’adhésion massive de leurs camarades pour lutter jusqu’ à obtenir gain de cause. A l’issu de cet A. G, les grévistes ont menacé de paralyser les restaurants universitaires en adoptant le « NGenté toubab » (manger gratuitement) jusqu’à la satisfaction de leur revendication.
Pour l’heure, c’est le spectre de 2001 qui plane au campus. Les autorités font la sourde oreille et privilégient la répression aux manifestations qui risquent, si elles perdurent, de paralyser l’enseignement supérieur mais aussi d’être fatales pour les étudiants car les examens de fin d’année pointent déjà à l’horizon.
Source : http://yahoo.dakar.bondyblog.fr/ le 29/04/2010