Levée partielle de l’interdiction d’exportation de la Courbine : Optimisme mesuré des producteurs.

plage_des_pcheursSi les pêcheurs artisans et autres producteurs ont appris avec un peu de soulagement la décision des autorités de procéder à une levée partielle de l’interdiction d’exportation de la courbine, ils réclament que la mesure soit encore étendue au tassergal et au mulet.

 

Pour nombre d’entre eux, la mesure prise par les autorités a désarticulé le marché et jeté à la rue des centaines d’employés qui travaillaient dans les usines.

L’effet d’annonce de la levée d’interdiction d’exportation a été bien accusé par les acteurs de la filière courbine, réunis, le 18 et 19 avril 2010, en un atelier regroupant, pour la première fois, des intervenants artisans venus de toutes les côtes du pays. Une rencontre destinée à favoriser la cogestion de stocks de poissons migrateurs. Ces espèces s’amenuisent de plus en plus, à croire les plaintes des pêcheurs spécialisés dans cette sous-pêcherie pélagique. La rencontre organisée par la section artisanale de la fédération nationale des pêches se fait en prélude à une rencontre sous-régionale pour gestion concertée avec des pays voisins comme le Sénégal ou encore le Maroc.
L’atelier financé par des institutions comme l’UICN, le PRCM ou encore l’AFD, à travers le projet d’appui à la pêche artisanale, a réuni en même temps que les pêcheurs, les représentants des institutions du PNBA, de la DRM, de l’IMROP.
Pendant deux jours les participants ont discuté de l’état des stocks de la courbine, des moyens et techniques de sa capture, de son mode de commercialisation et de ces zones de pêches. Il était également question des défis d’organisation et de l’évaluation des besoins de la filière.
De Nouadhibou, au nord, à N’Diago, au sud, en passant par les villages Imraguens, le constat est partout le même. La courbine, un poisson semi-pélagique, se fait de plus en plus rare et les limitations des zones de pêche créent, visiblement, les germes de conflits latents avec les zones protégées. La situation est accentuée par le marasme de la production auquel n’échappe pas la courbine. Même s’ils se félicitent aujourd’hui de la nouvelle rectification de l’interdiction d’exportation, les intervenants accusent les conditions de demande expresse. Cette dernière constite une formalité de trop dans un marché « totalement désarticulé par l’interdiction d’exportation de la courbine, du tassegal et du mulet ». Certains usiniers qui auraient fermé boutique à cause de l’impact d’une telle mesure prétendent avoir perdu plus de cents millions d’ouguiyas d’investissement alors qu’ils généraient entre 700 et 1.000.000 d’euros annuellement rapatriés par les voies de la Banque centrale de Mauritanie.
Cependant et nonobstant les déconvenues de la mesure prise dans un contexte politique particulier, les acteurs artisans de la filière «Courbine » pourraient désormais exporter 60 pc de leur production. Telle est la décision du nouveau ministre des pêches et de l’économie maritime pour desserrer l’étau autour de cette filière, mise à rude épreuve par l’interdiction d’exportation qui la frappait, depuis fin 2008.
La mesure de levée d’interdiction partielle ne concerne pas les autres variétés et fait obligation de débarquement de 40% de la production en Mauritanie. Mais, dans un secteur marqué par le marasme et à quelques jours de l’arrêt biologique du mois de mai, la mesure relève d’une bouffée d’oxygène.
L’échec de la politique des pêches, jusqu’ici suivie par les pouvoirs publics, remet sur la table le rôle de la pêche artisanale parent pauvre de cette politique. Lors des rencontres avec les responsables de la pêche au niveau de la capitale économique, à la faveur de sa dernière visite, le premier Ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf s’est longuement entretenu avec eux sur les défis et obstacles au développement du sous-secteur. Il a annoncé la reprise en mains par les autorités de la Société mauritanienne de commercialisation des poissons (SMCP) dont il est actionnaire à hauteur de 35%. Cette approche permettrait de financer la pêche artisanale à travers cette entreprise. Rappelons que l’échec et les fréquents détournements dans le crédit maritime minent le secteur.
En tout état de cause, la ville de Nouadhibou est tributaire de ce secteur. Il se consume à petit feu, perdant ainsi son opulence d’antan, noyé par des politiques inappropriés. La récession totale y est ajournée (jusqu’à quand ?) par la hausse des prix d’un poisson de plus en plus rare ; toutes filières confondues. Un tarissement expliqué par une pêche soutenue, des changements climatiques incontrôlés, la pollution marine et le manque de concertation pour une cogestion responsable des stocks.

Jedna DEIDA

 

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott via www.quotidien-nouakchott.com  le 20/04/2010

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