Sénégal : la France perd sa place au soleil.

arme_franaise_dakarQuel avenir pour la présence française au Sénégal ?

 

 

 

Au lendemain de la célébration, le 4 avril, de la fête de l’indépendance du Sénégal et juste après l’annonce de la fermeture prochaine de la base française de Dakar, l’on s’interroge au Sénégal. Quel avenir pour la présence française dans son ex colonie, cinquante ans après l’indépendance ?

 

Certes l’influence économique de Paris reste grande. La France est toujours le premier partenaire économique du Sénégal. Même si de nouveaux partenaires tels que la Chine gagnent en influence. Signe des temps, le boulevard du général de Gaulle est désormais l’un des hauts lieux de la présence chinoise. Les commerçants asiatiques y ont pignon sur rue.

 

  Mais là où la baisse d’influence paraît la plus nette, c’est dans le domaine politique. Les liens entre Dakar et Paris semblent se distendre. Selon une grande partie de la presse sénégalaise, entre la France et le Sénégal le torchon brûle. Comme en témoigne cet éditorial de Kotch.

 

Relations France / Sénégal

Vent mauvais sur axe Paris-Dakar 

Le Sénégal a repris officiellement les terres jusqu’ici mises à la disposition des troupes françaises en stationnement à Dakar. Une annonce tonitruante qui n’est pas du goût de l’Elysée qui cache de plus en plus mal son agacement. Et des questions restent en suspens, relatives aux contours du futur accord de partenariat militaire et à la nouvelle orientation des relations entre les deux pays qui sont loin d’être au beau fixe. 

 

« Je déclare solennellement que le Sénégal reprend à partir de ce jour 4 avril à 00H00 toutes les bases militaires antérieurement détenues sur notre sol par la France et entend y exercer sa souveraineté qui repose de jure sur la présente déclaration », a annoncé Me Wade, lors de son adresse à la nation du 03 avril.

 

        Cette décision « symbolique » a marqué un point de rupture par rapport à 350 ans de présence française sur le sol sénégalais. Cependant, elle n’a pas été du goût de la France, invitée d’honneur des festivités marquant le cinquantième anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale qui s’est fait représenter par son ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux.

 

En procédant à l’annulation  de la conférence de presse que le ministre français avait prévu dimanche 4 avril en fin d’après-midi à Dakar, sans aucunes explications et en refusant de prendre part au dîner offert par Karim Wade (le fils du président), il  ressort  que Paris n’a que modérément apprécié le côté abrupt de la déclaration du président Abdoulaye Wade : il a semblé pris de court par cette annonce.

 A la sortie de l’audience que Me Wade lui a accordé, Brice Hortefeux annoncé que la France sera présente militairement en Afrique « là où les Etats africains le souhaiteront ».

Toutefois, des deux côtés, il a été question d’engager des discussions qui normalement devaient être en cours, autour du protocole de retrait des bases. D’ailleurs, le président de la République a fait état du refroidissement  des relations entre les deux pays. 

Interviewé par Le Journal du Dimanche, Me Wade a déclaré, « Je n’ai pas apprécié que, s’agissant de bases qui se trouvent chez moi, il (Nicolas Sarkozy) aille régler la question en Afrique du Sud sans m’en parler d’abord. D’autant, il faut le dire, que j’étais un peu le rival de Thabo Mbeki [alors président sud-africain] pour le leadership de l’Afrique. ».

Avant de poursuivre : « Qu’à cela ne tienne: j’ai accepté d’entamer les négociations pour la restitution des bases. Nous sommes toujours en train de discuter »…  Dans la même foulée, Me Wade a reconnu le refroidissement des relations entre la France et le Sénégal. Sur le déclin de la présence française au Sénégal, il a répondu par l’affirmative. « Oui, il y a un déclin très fort et une grande inertie. De plus en plus, l’Afrique travaille avec les nouveaux partenaires que sont la Chine, le Japon, l’Inde, la Corée du Sud. J’ai le sentiment que la France, écartelée entre l’Europe et l’Afrique, ne sait plus très bien quoi faire », a-t-il dit.

Par ailleurs, sur les raisons qui l’ont poussé à reprendre les terres occupées par les français, Me Wade a expliqué qu’ « au fil des années cette situation (présence des bases) a paru de plus en plus incongrue et a été ressentie par les populations, singulièrement les jeunes, les cadres et l’armée, comme une indépendance inachevée ». Aussi, ressort-il de cette annonce officielle que le président de la République ait pris au mot Nicolas Sarkozy. Le président français avait annoncé en février 2008 au Cap, en Afrique du sud, qu’il allait renégocier tous les accords militaires de la France sur le continent, jugeant que « L’Afrique (devait) prendre en charge ses problèmes de sécurité ». 

Dans la lettre qu’il a adressé à Me Wade à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, Nicolas Sarkozy est revenu sur cette question sensible.

« La France reste naturellement disposée à poursuivre, au Sénégal, une politique de coopération militaire, bilatérale et régionale, en soutien à la stabilité de la sous région et à la montée en puissance du dispositif panafricain de sécurité auquel je vous sais très attaché », avait-il écrit.

Ainsi, les négociations autour de l‘ « accord de partenariat de défense » tardent à aboutir. Paris opte pour un « pôle de coopération militaire à vocation régionale » avec seulement 300 militaires, en remplacement des bases. Il demande aujourd’hui « des facilités » dans sa politique de coopération militaire. 

 Le Sénégal, première colonie française au sud du Sahara, dont la capitale Dakar abritait jusqu’ici, l’une des trois installations permanentes de l’armée française en Afrique, avec Libreville et Djibouti.

 

 

Source  :  http://dakarparis.blog.lemonde.fr/  le 10/04/2010

 

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