Remaniement : Et le changement promis ?

A peine sept mois après son investiture et le constat de la tentative de «confiscation» par certains segments de l’Administration des réformes engagées, Mohamed Ould Abdel Aziz cherche encore l’attelage qui pourrait mener à bon port sa politique. Mais certaines nominations impopulaires ne risquent-elles pas tout simplement de porter préjudice à la crédibilité du changement escompté?

Depuis son élection, le président de la République voudrait donner à ses électeurs le gage du respect de ses engagements électoraux. Il a entamé de courageuses réformes en vue de l’assainissement de la gestion des affaires publiques au risque de susciter quelques remous sociaux. Ces derniers donnaient naturellement de l’eau au moulin de son Opposition. Mais l’on a le sentiment que le président fait un pas en avant et parfois deux en arrière par rapport à sa propre volonté d’assainir. Ceci est particulièrement vrai dans le choix des responsables des médias publics. Ainsi le président reste «prisonnier» de défis certains parmi lesquels le choix des hommes. Nonobstant le désir probable qu’on lui accorde de se départir des symboles de la gabegie et de la prévarication, complices ces vingt dernières années de la mise à sac du pays, Ould Abdel Aziz semble pourtant «acculé» par ses soutiens politiques à leur accorder un énième sursis. L’homme n’a pourtant pas hésité lui-même à descendre dans l’arène pour prêter main forte à ses ministres et affirmer l’Autorité de l’Etat. Il est pris à contre-pied par certains choix d’hommes qui pourraient ne pas exprimer la rupture avec le passé récent.

Les partants : une seule surprise de taille !
Probablement ajourné du fait des grèves vécues à Nouakchott, le premier remaniement gouvernemental de l’ère du premier Ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf est tombé. Quatre ministres en font les frais. Ce léger remaniement qui consacre encore la révision de l’architecture gouvernementale intervient au moment où le gouvernement semble avoir les coudées franches après l’élection présidentielle et la reprise de la coopération internationale.
Il est certainement prématuré de parler de bilan après seulement sept mois d’activités. Il s’opère surtout comme un arbitrage de conflits internes et de réaffirmation de la poursuite de certaines réformes dans les institutions médiatiques.
Parmi les ministres remerciés, une seule véritable surprise. Il s’agit de celle de l’ancien ministre des finances Kane Ousmane, pourtant promis à des lendemains stables dans l’équipe de Ould Mohamed Laghdaf. Les dessous de son éviction ne sont pas clairs d’autant plus que le premier conseil des ministres qui a suivi son limogeage a connu aussi la nomination d’un nouveau directeur général du budget en la personne de Mourtegi Ould Sidi, Dg de la SONIMEX, en remplacement de Yahya Ould Abd Dayem, et d’un directeur des domaines, en la personne de Hassena Ould Boukhreiss, qui y remplace Mohamed Chérif. Selon les observateurs, le premier Ministre et Kane Moustapha n’étaient pas en odeur de sainteté. Ce dernier est remplacé à son poste par le jeune ministre Ahmed Ould Moulay Ahmed, ex-ministre du pétrole. Ce dernier poste échoit désormais à Wane Ibrahima Lamine, la mémoire des mines du pays. L’arbitrage du PM est beaucoup plus net dans le conflit entre l’ancien ministre de la justice, Baha Ould Hmeida, et le procureur Général, Seyid Ould Ghailani, l’une des personnalités clé dans le dispositif de répression de la drogue et du terrorisme. : L’ancien ministre cède son portefeuille à Me Abdine Ould Khair.
Une autre sanction s’abat sur l’ancien ministre de la Communication et des relations avec le Parlement, Mohamed Abdellahi Ould Boukhari. La dernière visite du président de la République à la Télévision nationale a conforté chez lui le sentiment du laisser-aller dans cette institution au moment où la libéralisation est promise pour l’été prochain. Le zèle et la censure du discours du président ont fait le reste. La mission de mise aux normes et de la préparation des médias publics à la concurrence qui s’ouvre a été confiée à un nouveau ministre, Me Hamdy Ould Mahjoub, président de la CENI, qui inaugure ainsi son entrée au gouvernement à un poste dont dépend l’image du gouvernement.

Coumba Bâ récupérée
L’ancienne ministre de la fonction publique dont le département a été éclaté a sauvé sa place. Artisan de l’opération de recensement des fonctionnaires et agents contractuels de l’Etat, Mme Coumba Bâ, même si elle perd en statut, pour devenir ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée des Affaires Africaines, se voit attribuer un dossier des plus importants pour la diplomatie du pays. La création de ce département est même perçue comme un empiètement sur la sphère du ministère des affaires étrangères que la ministre des affaires étrangères, Naha Mint Mouknass, tente de faire renaitre de ses cendres.
JD

Encadré
Consécutivement à ce dernier remaniement des retouches ont été opérées dans certaines administrations avant même que les ministres affectés n’y prennent fonction.

Irabiha Mint Abdel Wedoud : Une ascension continue !
Irabiha Mint Abdel Wedoud continue inlassablement son ascension dans l’échiquier politico-institutionnel. Après une première récompense comme directrice générale adjointe de la radio, poste où elle aurait excellé, elle monte en grade avec sa nouvelle affectation comme secrétaire générale de la Commission nationale des droits de l’Homme. L’ascension fulgurante de Mint Abdel Wedoud va-t-elle encore se poursuivre pour la mener à d’autres commandes ? Rien n’est exclu pour cette ancienne activiste de la société civile, soutien de première heure de Ould Abdel Aziz.
Elle est remplacée à son poste par notre confrère Mohamed Lemine Ould Moulaye Ely.

Cheikhna Ould Nenni: L’ombre du Général Ghazwani !

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