Présidence de la République : Des conseillers pour quoi faire ?

Le poste ne date pas d’hier à la présidence de la République. Tous les présidents qui se sont succédés au fauteuil présidentiel depuis 1960 à nos jours en ont nommé, particulièrement après le coup d’état du 10 juillet 1978. De cette date jusqu’à la chute de Ould Taya en 2005, une armada de conseillers a défilé et défile encore dans des bureaux présidentiels où, la plupart du temps, ils se tournent les pouces. Rarement le président les consulte sur un dossier.

Seul bémol, un salaire, des avantages de toutes sortes, un logement, une voiture en plus du trafic d’influence qu’ils exercent avec beaucoup de talents (intervention discrète pour l’attribution d’un marché ici, une nomination d’un parent par là…) et j’en passe. Tant et si bien que la fonction n’a de sens que pour rétribuer des soutiens politiques tribaux, familiaux et claniques.
Du coup, elle a été clochardisée, puisque n’importe qui peut devenir conseiller. Cela ne demande pas des études poussées ni une compétence quelconque. Alors, ceci expliquant cela, il est loisible de comprendre les limites de ces conseillers. Bon nombre d’entre eux ne maîtrisent pas les rares dossiers qu’on leur confie. Très souvent, certains ont recours à des universitaires quand ce n’est pas purement et simplement une relation étrangère qui est sollicitée pour cela. Combien de conseillers à la présidence ont défilé sous l’ère Taya ? La plupart, sinon tous, ont applaudi ses fantasmes politiques, économiques et financiers. Ils n’ont jamais pu infléchir ses positions chauvines. Résultat : le soutien de l’Irak contre le Koweït dans la première guerre du Golfe en 1991, a coûté cher à notre diplomatie. Le Koweït, bailleur de fonds du pays qui dépensait sans compter, a tourné le dos au pays en même temps que les occidentaux.
Ces conseillers n’ont pu empêcher les évènements tragiques de 1989 et les déportations de mauritaniens qui s’en sont suivies. La corruption, les détournements de deniers publics, les injustices sont monnaies courantes. Le citoyen lambda se demande véritablement à qui servent ces conseillers nommés à la présidence. S’ils devaient aider le président de la République à prendre de bonnes décisions, la Mauritanie ne connaîtrait pas probablement une certaine situation difficile qu’elle peine à surmonter encore. A leur décharge, ils pourront arguer qu’ils ne sont pas consultés. Mais à la décharge du citoyen lambda, pourquoi ils ne démissionneraient pas pour éviter d’être complices de situations désastreuses. Le débat sur l’arabisation de l’administration mauritanienne est là pour confirmer l’effet placebo des conseillers. Qu’ils soient à la présidence ou à la primature, ils ne sont d’aucune utilité aux gouvernants.
Madame le ministre de la culture, de la jeunesse et des sports, ne démentira pas, puisque depuis la célébration de la journée de la langue arabe, ses propos ont, non seulement réveillé de vieux démons, mais ils continuent de faire des vagues d’indignations par-ci, d’approbations par là, opposants des camps extrémistes des deux bords. Et parce que des conseils ont manqué, on assiste à une guéguerre à travers la toile et par médias interposé. Ce n’était certainement pas ce à quoi s’attendait Cissé Mint Boyda et son premier ministre. Or l’adage le dit bien : « Qui sème le vent récolte la tempête ». A bon entendeur salut !

Moussa Diop

 

source  : Le Quotidien de Nouakchott via www.quotidien-nouakchott.com  le 31/03/2010 

 

Quitter la version mobile