Grève contre l’arabisation: le PM et un ministre à l’index.

Les déclarations du premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf sur « l’arabe instrument d’échange et de travail dans l’administration », continuent de susciter des réactions.

 

 

Des étudiants, essentiellement francophones, de l’Université de Nouakchott, au cours d’une manifestation tenue mercredi 24 septembre à Nouakchott, ont exigé des excuses du premier ministre et la démission de la ministre de la culture. Cette dernière avait fait état de « dialectes menaçant la langue arabe.»

 

Au cours d’un sit-in dans les locaux de la faculté des sciences juridiques et économiques, une centaine d’étudiants membres du Syndicat National des Etudiants Mauritaniens (SNEM) et des clubs bilingues de l’Université de Nouakchott, ont battu le macadam, pour demander au PM, Ould Laghdaf de « s’excuser et de revenir sur ses paroles » . Qualifiant les propos du PM de discriminatoires, ils ont demandé la démission de Mme cissé Mint Boide, la ministre de la culture, qui chercherait à instrumentaliser la langue arabe, à des fins politiques à en croire les dires de Ndiaye Kane Sarr, porte-parole du mouvement,
« Nous voulons réagir face aux propos discriminatoires du PM et du ministre de la culture. Nous voulons qu’ils disent aux mauritaniens que dans ce pays il y a des négro-mauritaniens et des arabo-berbères. » insiste-t-il
Martelant son ire, il a demandé au PM d’organiser une conférence de presse et de s’excuser pour ces « propos discriminatoires »
Prenant en grippe la ministre de la culture, il déclare que cette dernière doit démissionner pour ses propos tenus : « les langues nationales font obstacles à l’émergence de l’arabe. »
Selon lui, les étudiants n’ont rien contre la langue arabe, mais actuellement, il se trouve que leur existence est menacée et que leur avenir est sombre. « Nous n’avons rien contre l’arabe, car il y a des négros qui apprennent l’arabe, mais ce qui pose problème, c’est l’instrumentalisation de la langue arabe pour exclure une communauté. » ajoute t-il
Le SG du SNEM, Me Yacouba Diakité, pour sa part, n’y est pas allé de mains mortes, pour tirer à boulets rouges sur le PM et la ministre de la culture. Dénonçant les propos du PM et de la ministre de la culture, qu’il qualifie de « calamité », demandant au gouvernement, si le ministre de la culture représenterait seulement les arabes.
« Si le ministre de la culture dit que la langue arabe n’a pas encore sa place en Mauritanie, cela m’étonnerait. », s’exclame t-il. Selon lui, la Mauritanie est composée aussi de poulars, wolofs et soninkés, avec leurs langues et que le pays appartient à tous. « On demande à Mme le ministre de démissionner, elle ne peut pas représenter la culture mauritanienne. » dira t-il
Cette manifestation devait avoir lieu depuis longtemps, dira t-il, « On est venu à l’apogée de notre souffrance, c’est pourquoi on s’est révolté. » Selon lui, les propos du PM et de la ministre de la culture ne sont qu’un ajout. « Même en regardant la télévision mauritanienne, on sait qu’on n’est pas représenté culturellement, tout est arabisé » témoigne t-il
Demandant la démission de la ministre de la culture qui, selon lui, n’est là que pour faire la propagande de la culture arabe, le SG du SNEM demande de briser le silence.
Le SG du SNEM demande au Président Ould Abdel Aziz de réagir contre ce qui se passe dans son gouvernement.

Le sit-in a été marqué par une bagarre entre les étudiants négro-mauritaniens et étudiants arabes. Ces derniers, en intrus dans la foule ont scandé « oui à l’arabisation de la Mauritanie », alors que leurs camarades réclamaient dans leurs pancartes « Non à la déclaration du PM/ Excusez-vous et revenez sur vos paroles » ou « « Si l’arabe est la langue officielle, le français est et restera la langue de travail »
Des grognes qui se sont poursuivies après devant la présidence de l’université, où les étudiants se sont heurtés aux forces de l’ordre. Sous une pluie de pierre et de grenades lacrymogènes, 6 étudiants ont été arrêtés, alors que les autres s’étaient retranchés à l’intérieur de l’université.

Dialtabé

 

Source  :  www.quotidien-nouakchott.com  le 25/03/2010

 

 

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