Stations essence : Ces injecteurs de carburant et d’argent : des Tchernobyl en puissance !

pompe_alegElles sont nombreuses et répondant à des filiales différentes implantées en Mauritanie depuis de longues années. Il ne s’agit rien d’autre que ces stations d’essence appelées dans le jargon local « essenceries ».

 

 Difficile de dire combien sont –elles à Nouakchott, à l’intérieur du pays, en pleine brousse. Ces pompes de carburant qui injectent aussi des millions d’um par jour roulent pour de gros capitaines industriels, d’hommes d’affaires célèbres et parfois de dignitaires des régimes successifs. Le nombre d’essenceries a connu une croissance exponentielle en raison de la forte expansion du parc automobile national favorisé par le trafic de voitures venant d’Europe. Mais le clou de ce boom de stations de service avait été enfoncé par les découvertes pétrolifères dans les côtes nationales qui avait aiguisé l’appétit de certains grands groupes internationaux tentés d’explorer le marché du raffinage du brut mauritanien le moment venu. Aujourd’hui que cette opportunité n’est plus qu’un vieux rêve, la concurrence se fait sur le terrain de l’approvisionnement par un circuit réglementé et soumis à un système de contrôle officiel. Pour une raison ou pour une autre beaucoup ont mis la clé sous le paillasson ou sont en constantes ruptures de stocks. Dans ce marché de commercialisation d’hydrocarbures les filiales Total, Star, Oryx ravissent le terrain à d’anciennes gloires comme Naftec qui tentent de garder encore leurs adresses. Au-delà du label de qualité et de service il importe d’observer scrupuleusement les normes de sécurité dans ces endroits à hauts risques : des Tchernobyl en puissance. Après l’explosion gazière ayant engendré des dégâts humains et matériels considérables, il y a lieu de sonner l’alerte du côté des stations d’essence pour rappeler le danger qui couve en permanence et dont la plus petite erreur suffit pour mettre le feu dans la poudrière. Les habitants de Nouakchott gardent à l’esprit l’incendie dans une station d’essence vers l’arrêt bus il y a une dizaine d’années. Cette station qui a disparu porte maintenant le nom de « station incendiée ». D’autres cas de moindre gravité ont eu lieu à la suite d’actions de sabotage. En apparence tout semble montrer que des mesures de prévention sont en place avec du matériel comme des extincteurs, des bacs à sable, parfois des alarmes de secours, des robinets d’eau. Les préposés des stations que nous avons contactés disent tous avoir bénéficié de formation par des spécialistes de prévention et qu’ils appliquent rigoureusement les règles en la matière. Si de telles assurances sont à tenir en compte, il n’en demeure pas moins que beaucoup d’insuffisances sont manifestes dans les pratiques du personnel travaillant dans les lieux. La fumée, le thé, les fils électriques mal protégés pouvant causer des courts-circuits sont autant de faits générateurs de chaos à proximité de bassins pleins de produits inflammables. Les risques sont plus grands dans les stations qui vendent de l’essence que celles qui ne vendent que du gazole. La raison est que l’essence est plus sensible à la combustibilité. Les risques peuvent aussi venir des conducteurs eux-mêmes qui exposent souvent leur vie et celles des autres en danger par un simple geste d’imprudence. Des consignes comme l’arrêt du moteur au moment de l’approvisionnement en carburant ne sont pas bien suivis sinon méconnues par beaucoup d’automobilistes.

Des sites mal placés

A tous ces facteurs potentiellement destructeurs viennent s’ajouter d’autres liés à l’emplacement du site de construction de ces essenceries. Beaucoup sont logés dans des coins exigus tels des cloaques où à peine deux voitures peuvent stationner suivant les positions du réservoir. D’autres sont dressés dans des lieux sensibles comme les marchés, les centres de santé. C’est le cas de la station située dangereusement en face de la polyclinique qui avait été interdite mais dont le propriétaire avait eu le dessus du bras de fer sur la volonté de l’autorité de l’époque. En face du dispensaire du sixième c’est aussi une petite pompe collée à une épicerie qui tient lieu de station de service. La sécurité des personnes et des biens est l’affaire de tous. L’actualité nous démontre chaque jour que la prévention des risques a une importance majeure. « Cela n’arrive pas qu’aux autres »

Amadou Diaara

 

Source  :  www.le-renovateur.com  le 04/02/2010

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