Après avoir débité cette longue litanie des choses qui ne vont pas, M&M vida sa tasse de thé d’un trait. Grand amateur de ce liquide qu’il croyait mauritanien à 100%, M&M se posait aujourd’hui une question à la fois philosophique et astronomique : qu’est qu’un mauritanien ? Dans quelle planète vit-il ?
L’appellation, «pays des millions de poètes » l’a toujours fait sourire. Or il le sait, les mauritaniens ont changé depuis la dernière visite d’Ibn Batouata. A force de coup d’Etats et de crise économique, les mauritaniens sont devenus «le pays des millions de débrouillards ». A commencer par la femme de M&M, la grosse et ravissante Tettou, qui arrive, avec 1000 ouguiyas, à acheter pour 2000 ouguiyas et à déclarer à son mari 3000 ouguiyas. M&M est encore frappé par la balkanisation de la vie politique.
Comment un pays de 3 millions d’habitants est –il parvenu à créer 70 partis ? Certainement pour encourager la transhumance politique, héritage d’un passé de nomadisme encore vivace. Lui-même, M&M, a changé dix fois de parti, pour des raisons tribales, alimentaires, spirituelles ou juste pour changer avec l’air du temps.
Un jour il a claqué la porte d’une formation parce qu’une femme du parti, alors ministre, a osé serré la main du chef d’Etat de la Patagonie. L’instabilité des politiciens fait sourire M&M à chaque fois qu’il voit la banderole de la « COD », coordination de l’opposition. M&M s’est trituré dernièrement les méninges pour comprendre le dernier communiqué de la COD, s’alarmant de l’ingérence des puissances étrangères.
Après avoir lu ce texte alarmant, il a frappé de porte en porte, sans aucune réponse. «ce que dit le communiqué est pourtant évident » lui balance à la figure l’un des fervents adeptes de la COD, inféodé à cette organisation pour des raisons tribales. En dehors du champ politique, il y a tout un pan de l’espace public que M&M a dû mal à comprendre. La société civile.
Bien qu’il y ait 4000 ONG en Mauritanie, M&M ne croit pas beaucoup à l’activisme de certains. Ne vient-il pas d’apprendre que l’oncle de Tettou qui avait créé une ONG destinée à l’environnement a depuis amélioré son environnement personnel, achetant villa sur villa grâce aux fonds octroyés par la Patagonie ?
Autre monde que M&M connaît bien, le journalisme. Grâce à des appuis bien placés, il a appris que la Mauritanie ne compte que 140 cartes de presse en circulation. Est-ce à dire que tous ces journalistes agglutinés au Palais de Congrès de jour et de nuit sont composés de Peshmergas aux trois quarts ?
Certes cet esprit de débrouillardise a permis au mauritanien de traverser une guerre, six coups d’Etat et des situations de famine, sans beaucoup de mal. Mais lui permettra-il de sortir du sous développement ? M&M en doute fort convaincu qu’il va falloir plus d’une réforme au président des pauvres pour rétablir l’ordre.
Source : http://www.mauritanies1.com