Travaillant depuis plus de vingt ans dans le développement, ce responsable de programme pour l’organisation humanitaire Plan International, expert en campagnes anti-excision, semble sceptique quant à l’efficacité en Europe des campagnes de sensibilisation contre l’excision. Il rappelle que, dans son pays, il a fallu un constant réajustement des stratégies de coopération entre ONG et gouvernement pour faire évoluer les mentalités. Ainsi qu’un travail soutenu avec les communautés locales et des ressources médiatiques considérables. Pourtant, 50% des petites Egyptiennes ont encore leurs organes génitaux externes arbitrairement mutilés avant l’âge de 12 ans.
Cependant, l’application des lois sur le terrain ne reflète pas toujours les décisions officielles. Ayman décrit qu’hormis le poids classique des traditions et des trop nombreuses conceptions erronées de la sexualité féminine, il reste le phénomène alarmant de la médicalisation de l’excision :
« On constate qu’il y a de plus en plus de médecins qui, pour des raisons financières, n’hésitent pas à la pratiquer. Avant que la loi soit votée, un médecin gagnait 50 livres égyptienne (6,8 euros) pour l’opération. Maintenant il peut gagner jusqu’à 200 livres (27 euros). »
Le salaire moyen mensuel d’un docteur diplômé en Egypte est de 220 Euros.
Voyage vers l’Orient pour éviter la justice française
La France reste le seul pays d’Europe occidentale qui, sans pourtant disposer d’une législation spécifique sur ce sujet, traduit en justice parents et exciseuses. Ainsi on peut comprendre l’obligation pour certaines familles de profiter d’un séjour dans leur pays d’origine pour perpétuer leurs ‘‘traditions’’.
On compte 55 000 femmes excisées en France et environ 35 000 petites filles courraient ce risque. En réponse à cette menace permanente, une nouvelle campagne gouvernementale a été lancée en avril contre l’excision et le mariage forcé en prévision de vacances d’été encore bien sanglantes et douloureuses pour ces enfants extrêmement vulnérables.
Pénaliser pour dissuader
Intitulée ‘‘briser la loi du silence’’, cette campagne encourage les petites filles à parler et leur donne des contacts et conseils utiles pour notamment se protéger pendant un séjour à l’Etranger. Elle insiste notamment sur le fait que les ‘‘mutilations sexuelles féminines sont punies par la loi’’ car la crainte d’être condamné devrait dissuader les familles de commettre ce crime.
Quand bien même la loi française aiderait considérablement à réduire le nombre de crimes commis sur son territoire, la disparition de l’excision ne pourrait aboutir que par l’éducation des adultes en tout premier lieu car, ici comme ailleurs, la décision se prend au niveau parental. On soulignera la difficulté d’agir volontairement pour ses droits et sa propre protection lorsqu’on est une enfant de 3 à 14 ans.
Source : Rue 89 via Bivouac-ID
L’Egypte : aujourd’hui comme hier, une terre d’excision
Certes, l’excision n’est pas le fait de tous les pays musulmans. Mais là où l’excision se pratique, l’Islam n’est jamais bien loin. Aujourd’hui encore, cette pratique fait des ravages dans certains pays musulmans. Et jusqu’en Europe, où elle est le fait de personnes presque toujours originaires d’un pays musulman. Alors oui, admettons-le : si l’Islam n’ordonne pas l’excision des filles, qu’il préfère appeler ‘‘circoncision féminine’’, il ne la proscrit pas totalement non plus. Il la tolère (et c’est déjà très grave) quand il ne va pas jusqu’à la recommander, purement et simplement.
” Nous sommes musulmans. Nous prions, nous jeûnons et nous excisons.” (Cheikh Youssef El-Badri)
Mahomet, s’adressant à l’exciseuse Umm Atiyyah al-Ansariyyah : “ …ne coupe pas trop, car cela donne plus de rayonnement au visage et c’est plus plaisant pour le mari. ” » (Hadith authentifié par Albani, savant versé dans la science des hadiths)
En Egypte 3 600 fillettes et jeunes filles sont ainsi torturées chaque jour.