Le mois de janvier est riche en événements qui ont en apparence une portée d’ordre existentiel.
Citons quelques uns. Le plus récent est, incontestablement, les journées de concertation de la majorité pour apporter une réponse à la bonne gouvernance. A la question quelle gouvernance après 50 ans de l’existence de l’Etat mauritanien, la réponse me semble simple : une anarchie qui vient, à peine, d’atteindre son apogée, et qui peut créer une organisation décisionnelle plus efficace, plus réfléchie, ou un ‘agencement’ créant lui-même son ‘‘désagencement’’ chaotique. En effet, le processus ‘évolutionniste’ de la ‘gouvernance’ implique, en termes approfondis, un aspect paradoxal se manifestant, surtout, par la complémentarité de l’ordre et le désordre. La question n’est qu’une question de temps au sens large de la conception structurelle de la gestion des affaires de la cité. C’est dire, quelle est la durée du désordre pour qu’il puisse engendrer son propre ordre et vice-versa. Le deuxième fait marquant, n’est que la discussion engagée avec les groupes terroristes suite aux journées de réflexion à connotation religieuse. Ces dernières comme il a été précisé visent, en cette période, le dialogue afin que l’ennemi visible, actuellement emprisonné, opte pour la paix en cette partie du terroir musulman. Néanmoins, il est d’importance de souligner qu’il s’agit bien, cette fois-ci, d’une guerre idéologique, déclenchée après des batailles sanglantes avec des groupes terroristes souvent invisibles. Et ce qui est vrai pour une guerre conventionnelle ou une autre forme de guerre, l’est, partiellement, ou également, pour une guerre des idées. Il a été dit à ce sujet, selon Sun Zi, que « la guerre, c’est l’art de duper. C’est pourquoi celui qui est capable doit faire croire qu’il est incapable ; celui qui est prêt au combat doit faire croire qu’il ne l’est pas ; celui qui est proche doit faire croire qu’il est loin ; celui qui est loin doit faire croire qu’il est proche. Lorsque l’ennemi présente un intérêt, il faut l’attirer ; lorsqu’il est en pleine confusion, il faut s’en emparer ; lorsqu’il est groupé, il faut s’en garder ; lorsqu’il est puissant, il faut le fuir ; lorsqu’il s’emporte, il faut le troubler ; lorsqu’il est vil, il faut le rendre arrogant ; lorsqu’il se repose, il faut le harceler ; lorsqu’il est uni, il faut le diviser. Il faut l’attaquer lorsqu’il n’est pas prêt, tenter une sortie lorsqu’il ne s’y attend pas. Tout ceci augmente les chances de victoire du stratège ; on ne peut rien dire à l’avance ». Dans cette lancée, «celui qui connaît son ennemi et se connaît lui-même mènera cent combats sans risque ; celui qui ne connaît pas son ennemi mais se connaît lui-même remportera une victoire pour une défaite ; celui qui ne connaît ni son ennemi ni lui-même sera en danger à chaque combat ». ‘‘A la guerre des idées’’, le mieux est ‘d’anéantir’ les fondements doctrinaux de l’antagoniste. Ainsi, se basant sur les vertus, la méthode, la sagesse et la légitimité sociale, le bon stratège, chef suprême de l’Etat, a des prépondérantes chances de soumettre, par la ‘dominance’ idéologique et communicative, l’adversaire-terroriste sans pour autant le combattre. De fait, par la force de son système de ‘gouvernance’, de la solidité éthique de ses officiers et de ses élus, de ses mythes, de ses valeurs, le peuple est amené à être en parfait accord avec ses dirigeants au point qu’il soit plus offensif moralement que l’agressivité de l’ennemi.
Mohamed Fouad Barrada
Source : La Tribune n°484 le 24/01/2010 via http://barrada.unblog.fr/