Après les propos d’Emmanuel Macron sur l’Islam radical, la France et les Français en mal en Mauritanie

Sit-in de protestation, appels au boycott des produits français… Les Mauritaniens s’indignent face aux propos d’Emmanuel Macron, qui a déclaré lors de l’hommage rendu à Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie assassiné le 16 octobre dernier à Conflans, près de Paris, que la France poursuivra la publication « des caricatures » blasphématoires contre le prophète Mohamed. Leur présentation dans un cours élémentaire avait pourtant conduit au drame.

La fronde contre la France et les Français ne cesse d’augmenter en Mauritanie, un pays où le nationalisme arabe est en guerre contre l’ancien colonisateur et sa culture depuis des années. Cerise sur le gâteau, certains intellectuels, et même certaines stations de radio ont déclaré une guerre totale contre la langue française. Un écrivain, journaliste et poète diplômé de la Sorbonne vient de déclarer qu’il n’écrira plus dans la langue de Molière, tandis que Radio Koubouni, une station qui diffuse dans un rayon de 50 kilomètres, a également mis fin à toutes ses émissions en langue française, mettant au chômage l’unique journaliste qui y animait un débat touche-à-tout.

Plus spectaculaire, la sortie du Ministère des Affaires Etrangères qui dans un langage mi-diplomatique dicté par la pression intérieure, a fustigé ceux qui s’en prennent à l’Islam et à son Prophète (PSL). En effet, dans le communiqué laconique et furtif, la Mauritanie officielle dénonce « la persistance des attaques orchestrées contre les sentiments des musulmans ».

Il n’en fallait pas plus pour faire sortir les tenants de l’Islamisme politique de leur réserve, en particulier ceux les plus visés par l’offensive de la France. Le parti Tawassoul s’en est ainsi pris aux propos du président Emmanuel Macron et son gouvernement pour leurs persistances, à protéger les auteurs de caricatures blasphématoires contre le prophète de l’Islam.

Lundi 26 octobre, la police a dispersé quelques manifestants devant l’ambassade de France, alors que les prêches dans certaines mosquées prennent l’allure d’un haro sur la France et la langue française. Certains milieux en appellent déjà au bannissement du français sur toutes les enseignes, dans tous les supports médiatiques, et même au sein de l’administration. Un enterrement ad aeternum de la Gaulle et de tous ses descendants décrété tous azimuts.

Parler français devient même dangereux, tant les yeux pleins de colère qui vous foudroient sont plus meurtriers qu’une Kalachnikov. Sous peu, parler français dans la rue pourrait s’apparenter à un suicide. La Mauritanie est encore loin de cette psychose, mais la masse des nationalistes arabes anti-français est de plus en plus pesante sur les décisions à haut niveau. Leur présence étant de plus en plus prépondérantes dans les instances supérieures du pays.

Un parlementaire de cette obédience est allé jusqu’à demander l’expulsion de l’ambassadeur de la France en Mauritanie, suggérant la rupture des relations diplomatiques avec l’Hexagone. Mais qui sera le plus grand perdant, la France ou la Mauritanie ?

La France pourra-t-elle résister face à cette levée de bouclier observée dans tous les pays musulmans, y compris les alliés les plus proches, comme le Royaume du Maroc, le Koweït, ou encore la Mauritanie ? La France pourra-t-elle renoncer à l’essentiel de sa substance historique, qu’est la laïcité, la liberté d’expression et surtout, la liberté de blasphémer ? En tout cas, l’ensemble des peuples européens se sont déclarés solidaires de la France dans cette nouvelle guerre des religions, avec la Turquie de Erdogan, qui semble vouloir reconstituer les restes d’un Empire Ottoman qui avait dominé le monde, avant de succomber sous le coup de boutoir de coalitions européennes en 1923.

Cheikh Aïdara

Source : Thaqafa (Le 27 octobre 2020)

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